vendredi 20 mars 2020

1336 : des ouvriers du Thé face à une multinationale +

1336 : Des ouvriers du Thé face à une multinationale 



 
      Le 28 Septembre 2010, le géant agro-alimentaire Unilever (Lipton) décide de délocaliser son usine de thé Fralib de Géménos en Pologne.

    Ce sont 182 personnes qui se retrouvent licenciées sans qu'il n'y ait aucune forme de discussion ni de compensation. 

   Le surlendemain débute un combat qui s'achèvera 1336 jours plus tard et donnera naissance à une entreprise proposant un autre vision du travail, de l'économie, du thé et des relations humaines. 








Fralib : une usine de thé d'Unilever






    L'histoire, l'activité et les valeurs de cette institution marseillaise permet de comprendre les enjeux et le sens d'une lutte judiciaire qui mènera à la création de la marque 1336. 




Un point sut Unilever





 

    Comme l'indique cette image, Unilever est une multinationale qui regroupe un très grand nombre de marques, dont Lipton. 

     Né en 1930 à Rotterdam de la fusion d'une entreprise de margarine et d'un fabricant de savon, Unilever est aujourd'hui la 4ème plus grosse entreprise mondiale d'agro-alimentaire derrière Nestlé, Coca et Pepsi. 

     Comme bon nombre de multinationales, Unilever est adepte des délocalisations, des restructurations et du non respect de l'environnement et du consommateur ( usage abusif de pesticides dans les plantations de Thé au Sri Lanka). 

     La faute à un modèle court-termiste basé sur des gains rapides au profit d'actionnaires toujours plus voraces et déconnectés du monde de l'entreprise.






   Histoire et activité de Fralib



      Basé à Gemenos tout près de la cité phocéenne, l'usine a été fondée en 1892 par les frères Digonnet. Elle est nomée en 1927 " Les Thés de l'Éléphant" et est rachetée en 1975 par Unilever. L'usine produit ainsi des produits Lipton et Elephant.

    En 2003, les salariés protestent contre la volonté d'Unilever d'abandonner l’aromatisation naturelle au profit d'une aromatisation chimique.

   En 2010, Unilever annonce la fermeture de l'usine des Fralib et la création d'une nouvelle en Pologne. Le coût des salariés dans ce pays étant plus avantageux pour la multinationale . 

    Les syndicats proposent aux 182 salariés d'occuper de force l'usine. Une bataille judiciaire s'ouvre. En pleine campagne présidentielle, François Hollande soutient le mouvement. La lutte prend alors une tournure nationale. 






Fralib ne fait pas de Grand Cru. Et alors ?


   
  Fralib produit principalement des thés de consommation en sachet aromatisés et nature. Même si ma passion ne porte pas sur ce type de thé mais sur les grands crus, l'histoire si particulière de cette entreprise a retenu mon attention. 

    Cela fait écho à l'actualité où un monde de plus en plus libéral est la cible de critiques d'une partie de la population qui souhaite voir émerger un nouveau modèle de société. 

Le thé devient ainsi un support intéressant
 pour aborder cette thématique.
   Il existe d'autres exemples de luttes politiques, philosophiques, économiques et sociétales dans le monde du Thé.
    
      On peut citer les grèves générales au pays du Champagne du thé : le Darjeeling. Mais aussi en Thaïlande, dans le triangle d'or, où les champs de Thé ont remplacés les plantations de Pavot...






Délocalisation et lutte judiciaire



    De l'annonce de la délocalisation à la création de Scop-Ti, les rebondissements judiciaires mais aussi politiques sont nombreux. Mais ils démontrent tous une ferveur à vouloir défendre leur vision du Thé.






   1336 jours de lutte 

..
   Le 28 septembre 2010, Unilever annonce la délocalisation de son usine en Pologne dont les coûts du travail sont moins élevés.
 

La CGT ainsi que les 182 salariés choisissent très rapidement de bloquer l'usine.  Une procédure judiciaire s'engage donc entre les salariés et la multinationale. 

Les salariés réclament la cession de la marque Elephant et un accord de sous-traitance avec Unilever. 

Cette affaire remonte même au niveau politique. François Hollande, en pleine campagne de 2012, prend la défense des ouvriers de Fralib. 





Verdict de la justice et vision pour l'avenir



    En mai 2014, après 1336 jours de lutte, la justice rend sa décision. La multinationale doit verser 2 085 000 euros d'indémnité de licenciement aux ouvriers et vendre les machines pour un euro symbolique.
      Ces derniers créent Scop-ti et la marque de thé 1336 pour célébrer leur victoire. 
Seuls 58 des 182 salariés intégrent Scop-Ti. Olivier Leberquier, syndicaliste, en devient le directeur. 

La coopérative se fixe comme objectif de vendre 250 tonnes de thé et infusion la première année.




Un autre modèle d'économie et une autre vision du Thé


     La structure et les objectifs de Scop-Ti diffèrent totalement de ceux d'Unilever. Face aux dérives du néo-libéralisme, ces structures sont représentatives d'un modèle économique plus vertueux.




   1336 : une société coopérative et participative


   Une SCOP ou société coopérative et participative se distingue des autres entreprises par la détention majoritaire du capital et du pouvoir de décision par les salariés. 
Les travailleurs ne sont plus locataires des moyens de production mais propriétaires. 
Ils n'ont ainsi plus à subir les choix technocratiques et impopulaires d'un conseil d'administration composé d'actionnaires déconnectés du monde de l'Entreprise.

Cet actionnariat salarial permet aussi d'investir d'avantage dans des investissements long-Terme et des projets éthiques qui intéressent rarement les grands actionnaires privés.




La qualiThé plutôt que la quantiThé


  
    Scop-Ti souhaite proposer une nouvelle gamme de produit, plus respectueuse de l'environnement : thé sans arômes artificiels et tilleul biologique. 

Dans un souci éthique, le tilleul est local et provient de Provence. 

     Alain de Savourerlethé a fait le test du thé vert à la menthe de la marque 1336. Sans être un grand cru primé par l'AVPA, ce thé se révèle être une agréable boisson du quotidien respectueuse du consommateur, du salarié et de l'environnement :

ARTICLE


    Malgré de très bonnes intentions, l'entreprise SCOP-Ti souffre depuis quelques mois de difficultés financières. 


1 commentaire:

  1. J’aibu dernièrement le thé vert menthe, c’est honorable par rapport au prix.
    Je vois de moins en moins de références dans les rayons de supermarché

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